La Charrette & Ses Occupants

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Troisième séance

Au petit matin, Geralt et Darya retrouvent Koutsen qui leur raconte sa nuit partagée avec le chevalier Tchestimir.

La femme lui a fait entre autre la description précise de l'une de ses cicatrices qu'il aurait gagnée au cours de son fameux combat contre les ogres rouges. Koutsen/Mecha aurait ainsi donc passé deux années bien remplies au sein des Probes. Le grand costaud de la bande affirme ne se souvenir de rien. Darya et Geralt se retiennent de vomir devant un Koutsen quelque peu perturbé d'être potentiellement son propre frère… selon ses dires. Tchestimir a invité Koutsen à l'accompagner pour une mission de confiance: escorter une Sœur de la Vérité jusqu'à la Source, le lendemain. Elle a fait également mention du passage d'un personnage de haut-rang à la taverne du Casque Fêlé en début de soirée. Darya part dans la forêt afin d'avoir toute liberté pour pratiquer ses arts étranges et faire fondre le bloc de métal pour en dégager la dague. Elle part ensuite avec son pseudo-mari pour se reposer.

Avant de se rendre dans le célèbre établissement fréquenté par les Probes, les joueurs repèrent des fibules accrochés à leurs vêtements. Geralt s'en débarrasse discrètement en les fixant à des clients. Féodor, le Grand Maitre de l'Ordre des Probes Redresseurs, est assis seul à une table dans un recoin de l'auberge. Il boit une bière à petites gorgées visiblement perdu dans ses pensées. Nul ne vient le déranger.

Traïan Corméa arrive un peu plus tard et se dirige directement vers le Grand Maître de L'Ordre des Probes Redresseurs. Le visage de l'Erudit apparaît marqué, comme s'il n'avait pas dormi depuis des jours. Féodor se lève pour accueillir Corméa, manifestant sa joie et son amitié par une accolade chaleureuse comme il est de coutume dans l'ordre.

Les PJ se sont installé de façon à entendre se qui se dit entre leurs PNJ préférés. Les deux hommes échangent quelques banalités sur le déroulement du voyage de l'érudit qui l'a mené depuis Kiiv jusqu'à Moskva. Corméa avait été missionné pour accompagner personnellement (escorter?) Aube Tranquille afin qu'elle interroge un prisonnier retors détenu à la Source. Puis Féodor invite Traïan à le suivre à l'étage. Ils pourront y converser en toute tranquilité. Geralt et Darya sortent. Pendant que la magicienne fait le guet dans la ruelle à l'arrière de l'établissement, le rôdeur, grâce à son extraordinaire agilité héritée d'un lointain parent flaël, escalade la façade qui lui fait face et se plaque à quelque centimètres de la fenêtre depuis laquelle il peut apercevoir et entendre les deux hommes discuter.

Concernant l'Ordre Aleph, Corméa déclare que l'hérésie de Georg Torcan, le fondateur, est probante. Il a complètement refondu sa Théorie du Bon Ordre et prétend avoir prouvé l'existence de l'En Soph. Les contacts avec le Peuple de l'Exil sont avérés. On parle même déjà d'un ordre dissident au sein des Erudits: l'Ordre Tav qui reprend les divagations les plus folles de Torcan. Féodor demande s'il faut l'éliminer. Son interlocuteur réplique par la négative : Georg n'a pas encore livré tous ses secrets. Les résultats de ses travaux sont probants et quasiment personne ne peut les interpréter sans l'aide du vieux fou. D'autre part, il semble bien que le prisonnier retenu à la Source soit un Mercenaire du Chaos et que son unique but fut de devenir un proche de Torcan qui avait fini par le prendre comme assistant. On ne sait toujours pas sur quoi ils travaillaient, sans doute une sorte de code chaotique.

Concernant les Sœurs de la Vérité: Corméa indique que leurs buts et leurs méthodes sont tout à fait compatibles avec ceux des Probes. Le rapprochement est souhaitable et sans doute inévitable car la lutte pour le pouvoir se fait plus âpre. Marfa Rurikide pousse clairement Kyrill en avant, voulant en faire le futur empereur épaulé par les Sœurs et les Probes. Igor semble cependant être le candidat le mieux placé, de part sa réputation (charismatique et compétent) et ses soutiens. Il s'est d'ailleurs récemment rapproché des Probes, négligeant sciemment le Prince de Vladimir-Sousdal indiquant ainsi à Féodor qu'il lui laissait la porte ouverte pour une alliance de fait. Le Prince de Vladimir-Sousdal œuvre continuellement auprès des Grands Boyards, avec efficacité et il ne fait aucun doute qu'il parviendra à son but: faire désigner le prochain empereur des Serpt Colonnes par le Conseil des Boyards. Reste à savoir si Gerasim le prendra de vitesse en imposant l'un des héritiers naturels. Bogdan semble hors-course, ne bénéficiant quasiment d'aucun appui. Il s'est pourtant plus ou moins ligué avec Sveslav, prince de Polotsk. Ce dernier apparaît comme le plus ardant défenseur des Anciens Cultes et travaille à coiffer sur le poteau le prince de Vladimir-Sousdal. Toutefois, les Sœurs restent mystérieuses et ne laissent percer aucun de leurs secrets. L'histoire de l'épidémie de la Maison de Kiiv n'est évidemment qu'un écran de fumée masquant un fait important mais impossible de savoir quoi que ce soit. Le voyage avec Aube Tranquille fut trop agréable. A aucun moment cette jeune femme n'a relâché son attention. Les discussions les plus anodines impliquaient souvent une pensée profonde ou un développement concernant la politique de l'Empire. « On peut sans doute la compter comme un être éveillé, ce qui laisserait à penser que les Sœurs dissimulent nombre de leurs capacités ». Beaucoup de questions concernent également la nouvelle Révérende Mère de Kiiv qui a fait grand effet auprès de l'Erudit. Il faudra que Féodor renforce ses défenses mentales.

Féodor annonce que les Perfidiens ont envoyé en avance la délégation chargée de percevoir leur tribut annuel. Il semble qu'ils aient à négocier quelque chose mais l'émissaire ne savait pas quoi. Corméa demande quelques explications sur cette histoire de tribut versé à la Guilde des Calligraphes mais Féodor rappelle que seuls les Grands Maitres des Probes et des Erudits étaient autorisés à aborder le sujet. A ce propos, Féodor insiste pour que Corméa se place dans la course à la succession de Razoum II, le Grand Maitre de l'Ordre des Erudits, car les nouvelles de la santé du saint personnage sont alarmantes. Corméa ne se pense pas digne de cette fonction mais Féodor le conjure de changer d'avis: tous connaissent son honnêteté et sa grande sagesse. Faisant la liste des candidats déjà en lisse, énumérant les défauts et compromissions de chacun, le Grand Maitre des Probes finit par convaincre son ami.

Revenant aux préoccupations du moment, Féodor interroge Traïan sur le Licteur désigné par l'Assemblée des Juges pour enquêter sur les rumeurs de corruption à Moskva. Le Prince de Vladimir-Sousdal a tout fait pour que cette enquête soit diligentée et éclabousse Féodor, voire le pousse vers la sortie. Cependant, le Licteur Zadora est un jeune homme extrêmement compétent et indépendant, ce qui est évidemment plus dangereux si les accusations sont prouvées justes… Féodor indique que pour rien au monde il ne bradera son honneur et qu'il apportera son soutien au Licteur pour son enquête, quelles qu'en soient les conclusions. Si certains de ses gens seront à châtier, il ne sera d'aucune pitié. Féodor a d'ailleurs décidé d'informer le Licteur de la situation à la Source, il serait bon toutefois que cela soit un Erudit qui le fasse. Cela démontrerait une fois de plus l'intégrité de Corméa…

L'émissaire du Collège Invisible (Saxon) a annoncé qu'Ahiezer était détenu/retenu par les Scribes de Nomikos sur leur ile-sanctuaire. Enfin une bonne nouvelle.

Après quelques courtes heures de sommeil, en pleine nuit, Darya et Geralt partent pour la Source avec la ferme intension de délivrer le prisonnier. Ils arrivent au petit matin. A plusieurs centaines de mètres de l'imposante citadelle, craignant un environnement très hostile à la magie, Darya prend le temps d'élaborer un sort qui atténuera tout bruit autour d'elle dans un rayon de un mètre, pendant une heure environ. Les PJ empruntent le passage secret indiqué sur le plan de Geralt et pénètrent ainsi sans difficultés dans le repère de l'Ordre Aleph. Geralt mène la danse avec maestria, comme s'il connaissait déjà les bâtiments, Darya le colle de très près. Après avoir récupéré des habits de l'ordre et tenté une approche subtile, les PJ en viennent à tuer les deux gardes des geôles. Le combat fut suffisamment rapide pour ne pas compromettre leurs chances de passer inaperçus et sans trop de bruit.

Dans la seule cellule occupée, le père de Darya, le mentor de Geralt, se tient à genoux contre le mur du fond, ses bras en croix maintenus par des chaines. L'homme est méconnaissable tant son visage violet est déformé par de nombreux hématomes, brulures et coupures. Son corps nu présente également les marques de terribles sévices. Les os de ses mains et de ses pieds ont été cassés, broyés. Il lui manque d'ailleurs plusieurs doigts et orteils. Le supplicié respire faiblement, difficilement, par saccades. Une esquisse de sourire lui arrache un râle mais il manifeste sa joie de rencontrer enfin sa fille. Mobilisant le peu d'énergie qui lui reste, Zum s'exprime dans un souffle : « Jamais ils n'ont soupçonné mon plus grand secret et pourtant il se trouve dan la pièce voisine. J'ai observé avec attention leur manège, seule une personne entrait à chaque fois dans la pièce, il doit y avoir un mécanisme à contre-poids qui déclenche une alarme. A l'oreille je sais que c'est une serrure des Horlogers qui condamne la porte, mais je peux expliquer à un bon voleur comment l'ouvrir, il faut y soustraire ma dague ». Les yeux fiévreux, agité: « Les Probes doivent être détruits, ils seront la ruine de notre monde sinon! Trop tard pour me sauver… Elle a dû tout faire pour me retrouver, dites-lui que je l'aimais. »

Geralt s'empresse de sortir de la geôle et s'attaque aussitôt à la serrure. Le rôdeur se fait une petite frayeur et réussit de justesse à ouvrir le mécanisme. Ressortant au plus vite, il retrouve Darya dans la pièce voisine qui lui annonce que son père vient de rendre son dernier souffle.

Alors qu'ils sortir à fuir la salle des gardes, le PJ entendent un individu audiblement caparaçonné descendre les marches de l'escalier. Geralt accueille le probe en lui susurrant des mots terribles. L'homme s'arrête net, les yeux écarquillés par la stupeur. Il ne fait plus le moindre geste. Alors que la pointe de la dague du rôdeur (gros bill) transperce l’œil et le cerveau du chevalier, l'armure entièrement noire, sans reflet, perd toute cohésion et s'effondre sur le sol. Le corps s'affale alors, éparpillant anneaux de cote de maille et pièces d'armure. Visiblement, aucune sangle n'assurait la cohésion de l'ensemble.

Geralt et Darya s'enfuient de la citadelle et jouent à chat-perché dans la forêt.