La Charrette & Ses Occupants

Tant de choses se jouent quand on est jeune….Tenez, par exemple, ce gentil Norman. Propre sur lui,enfant de choeur, études moyennes, bonnes performances sportives, des petites amies cheerleaders, ou en étude de droit, indifféremment. Un début de vie typique d’un WASP de bonne famille, en quelque sorte.

Sauf que ce joli cursus a quelques fêlures. Des parents morts dans un accident de voiture alors qu’ il était agé de 6 ans et son frère, David, de 4 ans. Leur grand-mère paternelle étant la seule personne proche qui leur restait, elle se chargea donc de les recueillir et de les éduquer “à la baguette”.

Il fallut déménager vers Boston, où elle tenait un motel en bordure de Highway. Plus réservé que son frère, plus en retrait avec les enfants de son âge, il n’en fallut pas plus pour que Norman soit surnommé “Bates”, en référence à un certain film narrant les problèmes psychologiques d’un autre Norman dominé par sa défunte “grand-mère”…

La vie ne s’en écoulait pas moins tranquillement jusqu’au jour où l’odeur finit par être dérangeante. Il faisait chaud l’année de ses 12 ans, alors que lui et son frère terminaient un camp de boy-scouts de 3 semaines cet été là. Ils découvrirent le corps bien abimé de leur grand-mère qui s’était rompu le cou au bas de l’escalier, la mort avait été “immédiate”, dira le coroner.

L’orphelinat était proche, l’argent pas un souci car leur grand-mère avait de tout temps été très prudente dans sa gestion, le personnel était accueillant, mais c’est à ce moment là que son frère David commença à dériver. Ses fréquentations, ses soucis avec l’autorité, et déjà quelques larcins, des fuites dans des paradis artificiels tandis que Norman, lui se mettait encore en retrait et broyait du noir dans son coin.

De Charybde en Scylla, ce qui devait arriver arriva, son frère fit une overdose qui ne le tua pas mais le condamna à un coma duquel il n’est toujours pas sorti.

Cet énième coup du sort fit un véritable électrochoc à Norman et il se sortit de sa torpeur. Il se réfugia dans le sport et les études, chercha à s’intégrer à différents groupes au lycée, apprit à utiliser son si joli sourire pour obtenir les faveurs féminines, lui qui se trainait dans un désert sentimental. Il redevint cet ado sans histoire (si ce n’est un interrogatoire de la police alors que l’on signalait la disparition d’un lycéen qui trempait dans des histoires de deal de drogue), le regard clair, le sourire confiant.

Il avait un peu d’ambition, s’est interessé un temps à la vie judiciaire mais finalement c’est au service de l’administration fédérale qu’il s’est engagé. Soucieux d’aider son prochain, c’est vers la DEA qu’il s’est tourné, pour “lutter contre la déliquescence d’une certaine partie de l’Amérique”. (je cite) Il a craint un moment pour les tests psychologiques qui sont menés lors du recrutement, mais la psy qui l’a consulté l’a déclaré “personne saine et dotée d’une remarquable force de caractère”. (A noter pour l’anecdote que la psy a divorcé quelque temps après, son couple battait de l’aile depuis que son mari la soupçonnait d’avoir eu une aventure de quelques semaines avec un bizuth de l’académie de la DEA.)

Et le voici donc agent de terrain, ayant déjà accompli des missions à l’étranger, prêt à poursuivre une brillante carrière, pour le bien de la communauté.

Rien de remarquable chez Norman Westwood donc, non ?